Commençons par la partie la plus simple : la Russie. Tucker Carlson est devenu le point de convergence de deux pôles opposés au sein de la société russe : les patriotes idéologiques et les élites occidentalistes qui restent néanmoins fidèles à Poutine et à l'opération militaire spéciale. Pour les patriotes, Tucker Carlson est tout simplement "l'un des nôtres".
Dans un monde multipolaire, Israël et l'Ukraine sont des agents de l'hégémonie occidentale. De nouvelles civilisations se développent, notamment les civilisations chinoise, islamique, indienne, africaine et latino-américaine. La Russie les considère comme des alliés et des partenaires potentiels dans un ordre multipolaire authentique et équitable, explique Alexandre Douguine.
Depuis l’Antiquité, la philosophie et la politique se sont répondues pour susciter une riche réflexion métaphysique au sujet des modèles de sociétés. Ce dialogue accompagne le développement éthique et spirituel tant des sociétés historiques de l’Occident (Grèce, Rome, sociétés médiévales, ancien régime) que celui de la Russie tsariste avant le marxisme soviétique et sa rupture moderniste voire nihiliste.
La vague de populisme anti-libéral ne faiblit pas même en Europe. Même si le mondialiste Macron a réussi à contenir les violentes manifestations des «gilets jaunes» et que les libéraux italiens et allemands ont isolé et bloqué l'arrivée au pouvoir des partis de droite et de leurs dirigeants, ces processus sont imparables. Le populisme exprime le même Grand Réveil, seulement sur le sol européen et avec une spécificité européenne.
Pour ce pôle de résistance, une nouvelle réflexion idéologique est extrêmement importante. Les sociétés européennes sont beaucoup plus actives sur le plan idéologique que les américains et, par conséquent, les traditions de la politique de gauche et de droite - et leurs contradictions intrinsèques - sont beaucoup plus ressenties.
Il ne faut pas s’y tromper : la pandémie mondiale de coronavirus est un tournant dans l’histoire mondiale. Non seulement les indices boursiers et les prix du pétrole s’effondrent, mais l’ordre mondial lui-même est en train de tomber. Nous vivons dans la période de la fin du libéralisme et de son « évidence » comme méta-récit global, de la fin de ses mesures et standards. Les sociétés humaines deviendront bientôt flottantes : plus de dogmes, plus d’impérialisme du dollar, plus d’incantations au libre marché, plus de dictature de la FED ni d’échanges boursiers mondiaux, plus de soumission à l’élite médiatique mondiale. Chaque pôle construira son futur sur ses propres fondations civilisationnelles. Il est évidemment impossible de dire à quoi cela ressemblera ou à quoi cela mènera. Cependant, il est déjà clair que le vieil ordre mondial est en train de devenir une chose du passé, et que les contours très distincts d’une nouvelle réalité sont en train d’émerger devant nous.
Ce qui est intéressant, Nergal - le dieu de la peste, le dieu classique de la mythologie akkadienne - descend en enfer avec la reine de l'enfer Ereshkigal - et menace de lui couper la tête. Elle essaie de faire de lui son captif, mais il sort son épée, la prend par les cheveux et dit - et maintenant, porc, je vais te couper la gorge. Puis la reine de l'enfer Ereskigal, qui est tombée à genoux devant le dieu de la peste Nergal, dit - alors je ne peux que te demander de m'épouser. Les histoires akkadiennes se terminent ainsi. Mais il est intéressant que le dieu solaire Nergal, le dieu de la peste Nergal descende en enfer afin de remettre en place et de faire revenir à l’ordre la maîtresse de l'enfer qui s'est élevée contre l'ordre divin.
Presque tous les pays ont désormais mis en place des régimes de fermeture des frontières et d'isolement qui mettent hors d'état de nuire les principaux mécanismes de la mondialisation libérale et obligent à revoir radicalement les priorités politiques et économiques, tant au niveau mondial que national. Cette restructuration est obligée de déplacer l'accent de la croissance et de la démocratisation (parfois illusoires), de l'expansion (parfois imaginaire) des droits et libertés individuels, vers l'ordre, la discipline, la satisfaction des besoins fondamentaux et l'accroissement du rôle des États et, par conséquent, de l'échelle de la souveraineté.
Le libéralisme et la mondialisation ont définitivement échoué. La situation me rappelle les dernières années de l'URSS. À cette époque, le vrai pouvoir était encore totalement entre les mains du Parti communiste qui contrôlait presque tout, mais en même temps tout le système était terminé. Et n’importe qui pouvait le ressentir. Aujourd'hui, nous nous trouvons exactement dans la même situation avec la domination mondiale des élites libérales. Ils contrôlent toujours tout, mais c'est déjà fini. Ils disparaîtront aussi rapidement que le communisme en Europe de l'Est. La mobilisation anti-populiste (anti-Poutine, anti-Assad, anti-Chine, anti-Brexit, anti-Iran, anti-Salvini, etc.) de Bernard-Henri Lévy, Macron, Soros, Rothschild ou Clinton démontre de leur part un état d'agonie pure. C'est fini pour eux. Ils ne peuvent plus gouverner. Ils sont condamnés. Ils persisteront et pourront gagner un peu de temps avant l'effondrement final et irréversible, mais leurs jours sont comptés.
Je suis convaincu que la Quatrième Théorie Politique entre dans la logique de la construction de la contre-hégémonie dont Cox a parlé. A propos, toujours dans le cadre d’une critique de la théorie d’un ordre multipolaire et d’un monde multipolaire, il y a une analyse passionnante d’Alexandra Bovdunova, prononcée lors de la Conférence sur la Théorie d’un Monde Multipolaire à Moscou, à l’Université de Moscou, les 25-26 avril 2012. La 4TP n’est pas une doctrine achevée, elle ne représente encore que les premiers pas vers la sortie de l’impasse conceptuelle dans laquelle nous nous trouvons face au libéralisme, aujourd’hui rejeté par de plus en plus de gens dans le monde, après l’effondrement des vieilles théories politiques antilibérales – le communisme et le fascisme. En un sens, la nécessité d’une 4TP est un signe des temps, et cela ne peut être contesté par personne. Ce que sera le 4TP dans sa forme finale, c’est une autre question. La tentation apparaît de la construire comme une combinaison syncrétique d’éléments tirés des doctrines et idéologies antilibérales antérieures… Je suis convaincu que nous devons suivre une autre voie. Il faut comprendre la racine de l’hégémonie actuelle. Cela coïncide avec la racine de la modernité elle-même, et de celle-ci sont sortis les trois piliers des théories politiques – le libéralisme, le communisme et le fascisme. Les manipuler pour trouver une alternative à la modernité et au libéralisme, respectivement, et à l’hégémonie libérale de l’Occident, est sans intérêt à mon avis. Nous devons dépasser la modernité en général, aller au-delà de la portée de ses acteurs politiques – l’individu, la classe, la nation, l’Etat, etc. Par conséquent, la 4TP comme base d’un front planétaire contre-hégémonique doit être construite complètement différemment. Comme la théorie d’un monde multipolaire, la 4TP opère avec un nouveau concept – la « civilisation » –, mais la 4TP met un accent particulier sur l’aspect existentiel de celle-ci. D’où la chose la plus importante, la thèse centrale de la 4TP disant que son sujet est l’acteur – le Dasein. Chaque civilisation a son propre Dasein, ce qui veut dire que celui-ci décrit un ensemble spécifique d’existentiels. Sur cette base doit naître une nouvelle théorie politique généralisée au niveau suivant dans une « fédération multipolaire de Daseins », une structure concrète de la contre-hégémonie. En d’autres mots, la contre-hégémonie elle-même doit être conçue d’une manière existentielle, comme un domaine de guerre entre la globalisation inauthentique (l’aliénation globale) et l’horizon des peuples et des sociétés authentiques dans un monde multipolaire (la possibilité de triompher de l’aliénation des civilisations).
En accord avec la doctrine islamique, le Prophète Mahomet était le dernier des prophètes, le dernier installateur et réformateur de la loi traditionnelle, le « sceau des prophètes ». Mais l’ésotérisme chiite dit qu’à la fin du cycle doit apparaître le dernier des interprètes ésotériques de la Révélation, le « sceau ésotérique ». Avec lui et ses compagnons, toute la signification métaphysique de la question concernant le sens et le but de l’origine secrète de l’être est restaurée en accord avec les imitations inhérentes aux traditions et aux religions, et fermement établie dans la perspective métaphysique correcte.
Cette théophanie eschatologique affecte de manière significative toutes les religions et traditions, révélant leur noyau caché.
Mais dans cet événement eschatologique, le rôle principal est assigné au christianisme : la tradition de porter la clé du mystère qui dépasse même le grand et complet silence.
La troisième théorie politique est le fascisme. C’est le nom générique des mouvements politiques et des idéologies d’extrême-droite et des formes correspondantes du règne de type dictatorial dont les signes caractéristiques sont le nationalisme militariste, l’anticommunisme et l’antilibéralisme, la xénophobie, le revanchisme, le chauvinisme, les cultes mystiques du chef, le mépris pour la démocratie électorale et le libéralisme, la croyance au règne des élites et à la hiérarchie sociale naturelle, l’étatisme, le racisme, et le génocide. Le fascisme apparut plus tard que les autres grandes théories politiques et disparut avant elles. L’alliance entre la première théorie politique et la seconde théorie politique et les erreurs de calcul géopolitiques d’Hitler étouffèrent la troisième théorie dans l’œuf. La troisième théorie politique mourut de mort violente et ne connut pas la vieillesse ou le déclin naturel, contrairement à l’Union Soviétique.
Although the concept of hegemony in Critical Theory is based on Antonio Gramsci’s theory, it is necessary to distinguish this concept’s position on Gramscianism and neo-Gramscianism from how it is understood in the realist and neo-realist schools of IR.
The classical realists use the term “hegemony” in a relative sense and understand it as the “actual and substantial superiority of the potential power of any state over the potential of another one, often neighboring countries.” Hegemony might be understood as a regional phenomenon, as the determination of whether one or another political entity is considered a “hegemon” depends on scale. Thucydides introduced the term itself when he spoke of Athens and Sparta as the hegemons of the Peloponnesian War, and classical realism employs this term in the same way to this day. Such an understanding of hegemony can be described as “strategic” or “relative.”
In neo-realism, “hegemony” is understood in a global (structural) context. The main difference from classical realism lies in that “hegemony” cannot be regarded as a regional phenomenon. It is always a global one. The neorealism of K. Waltz, for example, insists that the balance of two hegemons (in a bipolar world) is the optimal structure of power balance on a world scale[ii]. R. Gilpin believes that hegemony can be combined only with unipolarity, i.e., it is possible for only a single hegemon to exist, this function today being played by the USA.
In both cases, the realists comprehend hegemony as a means of potential correlation between the potentials of different state powers.
Gramsci's understanding of hegemony is completely different and finds itself in a completely opposite theoretical field. To avoid the misuse of this term in IR, and especially in the TMW, it is necessary to pay attention to Gramsci’s political theory, the context of which is regarded as a major priority in Critical Theory and TMW. Moreover, such an analysis will allows us to more clearly see the conceptual gap between Critical Theory and TMW.
Maintenant c’est le calme avant la tempête. La situation en Novorossia a atteint une impasse. Pression sur la Russie est de plus en plus forte. Nous sommes sous les assauts. Toute personne qui soutient activement Poutine, est inclus dans le réseau eurasien, jette le défie à la Bête américaine, maintenant sous l’attaque. La pression est de plus en plus forte. Le plus désagréable dans cette situation c’est la trahison. C'est quand l'ennemi est bien conscient à quel point tu es dangereux pour lui, et un ami ne se rend pas compte de ton utilité pour lui. Mais c’est aussi une épreuve à passer. Et on ne peut la passer que grâce à l'idée. Malgré la psychologie et de «jeux de réseau» complexes avec lesquels nos adversaires essaient de nous étrangler.
Nous avons fait et nous ferons notre réseau mondial eurasien. Nous avons travaillé et nous travaillerons contre l'hégémonie américaine. Nous avons soutenu et nous soutiendrons toutes les forces alternatives en Europe et en Asie, qui représentent la tradition (et pour nous c'est principalement l’orthodoxie), la justice, la liberté et le monde multipolaire. Contrairement à l'Occident: il n'y a pas une, mais plusieurs civilisations; il n'y a pas une (libérale), mais de nombreuses idéologies; il n'y a pas une seule culture, mais la diversité riche des cultures qui n'acceptent pas la mondialisation et se battront jusqu'à la fin.
Il faut mettre ici l’accent sur le mot géopolitique. Cela indique que Poutine déplore non pas le contenu idéologique de l’idéologie soviétique mais plutôt l’effondrement de l’espace politique unifié longtemps avant le bolchevisme et représentant la Grande Russie comme l’entité politique basée sur la similarité civilisationnelle entre l’histoire et les cultures de groupes ethniques et de peuples différents. L’Occident ne connaît que peu de choses ou rien du tout sur l’histoire réelle de la Russie. Parfois ils croient que l’Union Soviétique était une création purement communiste et que des Etats comme l’Ukraine, le Kazakhstan ou l’Azerbaïdjan étaient indépendants avant l’URSS et qu’ils furent conquis par les bolcheviks ou forcés à entrer dans l’Etat soviétique.
Le fait est qu’ils n’existèrent jamais en tant que tels et qu’ils ne représentaient que des districts administratifs sans aucune signification politique ou historique dans l’Empire russe aussi bien que dans l’URSS. Ces pays furent créés dans leurs frontières actuelles artificiellement, seulement après l’effondrement de l’URSS et en résultat de cet effondrement.
La guerre contre la Russie est actuellement la problématique la plus discutée en Occident. Il ne s’agit encore que d’une suggestion et d’une possibilité. Cela peut devenir une réalité en fonction des décisions prises par les différentes parties impliquées dans le conflit ukrainien (Moscou, Washington, Kiev, Bruxelles). Je n’entends pas discuter ici tous les aspects de ce conflit ainsi que son histoire. J’aimerais proposer à la place une analyse de ses racines idéologiques profondes. Ma vision des principaux événements s’appuie sur la Quatrième Théorie Politique dont j’ai exposé les principes dans mon ouvrage du même nom (publié en français aux éditions Ars Magna). Je ne vais ainsi pas étudier la guerre de l’Occident contre la Russie en évaluant ses risques, dangers, problèmes, coûts et conséquences mais plutôt sa signification idéologique à l’échelle du monde. Je vais ainsi réfléchir sur le sens d’une telle guerre et non sur la guerre elle-même (réelle ou virtuelle).
L’analyse des civilisations, de leurs corrélations, de leurs confrontations, de leur développement, de leur interdépendance, est un problème si difficile que selon les méthodes, selon la profondeur de la recherche, on peut obtenir des résultats non seulement différents, mais directement contraires. Par conséquent, même pour obtenir les conclusions les plus approximatives, on doit appliquer une réduction pour réduire la variété des critères à un seul modèle simplifié. Le marxisme préfère la seule approche économique, qui devient un substitut et un dénominateur commun pour toutes les autres disciplines. Ainsi procède aussi le libéralisme (bien que moins explicitement).
Les sociétés secrètes et les confréries occultes ont-elles été actives derrière la scène des événements mondiaux depuis des milliers d’années ? Ces gardiens de la sagesse secrète déterminent-ils les progrès de la conscience humaine et influencent-ils le destin des nations ? Des maîtres cachés de la connaissance occulte animent-ils et infiltrent-ils certains mouvements politiques, culturels, spirituels et économiques, selon un plan ancien ? Se pourrait-il que les grandes avancées, guerres, et révolutions, de l’homme, ainsi que ses découvertes marquantes dans la science, la littérature, la philosophie et les arts, soient le résultat d’une « main cachée » ? Pouvons-nous décoder l’Histoire et trouver la mystérieuse interface entre la politique et l’occultisme, découvrant ainsi les véritables animateurs et agitateurs de notre monde moderne ?
L’Eurasie a été traversée d’Ouest en Est et vice-versa par de nombreuses nations et civilisations. Les ancêtres de l’Europe moderne traversaient les déserts asiatiques à l’époque où la Chine, l’Inde et la Perse fleurissaient grâce à une philosophie et une technologie avancées ainsi que dans des modes de vie élevés.
Chaque culture a son développement historique propre, différent pour chacune.
Ce que nous qualifions “d’absurde” aujourd’hui pourrait être compris comme “progressiste” demain. De la même manière qu’il peut avoir de la valeur, dès aujourd’hui, pour d’autres personnes. Ce que nous considérons comme un truisme absolu pourrait être un véritable culte pour d’autres nations. Il n’y a aucune façon d’idéaliser les événements actuels, étant donné que le monde et par conséquent ses valeurs, changent. Nous devons toujours vérifier nos jugements avec, en tête, l’Histoire du monde. L’Eurasie est un critère essentiel de notre jugement. Nous devons étudier le mode de pensée de l’Eurasie pour comprendre l’Ouest et l’Est, le progrès et la tradition, la stabilité et la flexibilité ainsi que les religions dans le passé et le futur.
Avec l'effondrement du Mur de Berlin en 1989, le cycle politico-historique de l'"après-guerre", commencé en 1945, venant de prendre fin, un bref interrègne a-historique s'en était ensuivi, pendant lequel l'histoire mondiale s'en était trouvée comme provisoirement suspendue dans sa marche en avant. Interrègne qui prend fin, aujourd'hui, avec les débuts de l'ère des conflagrations intercontinentales planétaires entamée par l'actuelle agression anti-européenne directe des Etats-Unis dans le Sud-Est de notre continent. En effet, la guerre anti-européenne —en fait, anti-grand-continentale— menée, actuellement, par les Etats-Unis, au Sud-Est de l'Europe, contre la Serbie, représente le commencement —l'enclenchement politico-militaire direct, et tout à fait à découvert— du grand cycle des conflagrations intercontinentales planétaires qui, dans les prochaines années à venir, vont devoir opposer l'unité impériale européenne grand-continentale à l'entreprise impérialiste d'hégémonie planétaire totale poursuivie, depuis 1945, par les Etats-Unis, ou plutôt par ce que Bill Clinton vient d'appeler, déjà, la « Superpuissance Planétaire », agissant au service de l'idéologie démocratique mondialiste des "droits de l'homme" (en réalité, l'idéologie subversive fondamentale de l'Anti-Empire, de l’« Empire du non-être »).
Le libéralisme, mettant toujours l’accent sur la minimalisation du politique, a décidé, après sa victoire, de supprimer de façon générale la politique. Vraisemblablement pour ne pas permettre la formation d’une alternative politique et rendre son règne éternel ou simplement en raison de l’épuisement de l’agenda politique dû à l’absence d’ennemis, lesquels, selon Carl Schmitt, sont nécessaires à la constitution de la position politique. Dans tous les cas, le libéralisme a conduit à un repli du politique. Ce faisant, le libéralisme s’est lui-même transformé, passant du niveau des idées, des programmes politiques et des déclarations au niveau des choses et est entré dans la chair de la réalité sociale, devenue libérale, non pas d’un point de vue politique, mais d’une façon quotidienne, « naturelle ». À la suite d’un tel tournant de l’histoire, toutes les idéologies politiques qui avaient lutté férocement entre elles au cours des siècles passés ont perdu leur actualité. Le conservatisme, le fascisme et le communisme, ainsi que leurs variétés marginales ont échoué, tandis que le libéralisme, triomphant, s’est mué en la vie quotidienne, en consumérisme, individualisme, en le style postmoderne de l’être sub-politique et fragmenté. La politique est devenue biopolitique et s’est déplacée du niveau individuel au niveau sub-individuel. Il semble donc qu’aient quitté la scène non seulement les idéologies défaites, mais aussi la politique en tant que telle, y compris la politique libérale. Précisément pour cette raison, apparaît la formation d’une alternative. Les opposants au libéralisme se sont retrouvés dans une situation complexe : l’ennemi vaincu s’est évaporé, il a disparu ; on lutte contre le vide. Comment faire de la politique quand il n’y a pas de politique ?