La Quatrième théorie politique

Le XXème siècle s’est achevé mais nous commençons seulement maintenant à nous en rendre compte. Le XXème siècle a été le siècle des idéologies. Si, au cours des siècles passés, les religions, les dynasties, les couches sociales, les États-nations ont joué un rôle considérable dans la vie des peuples et des sociétés, au XXème siècle la politique s’est déplacée vers le domaine purement idéologique, recouvrant d’une nouvelle façon la carte du monde, des peuples et des civilisations. Les idéologies partiellement politiques incarnaient des tendances anciennes, profondes et civilisationnelles. Elles étaient également, en partie, particulièrement novatrices.

Toutes les idéologies politiques qui ont atteint leur pic de diffusion et d’influence au XXème siècle étaient une création des Temps modernes et incarnaient de façon diverse, voire sous des signes différents, l’esprit moderne. Aujourd’hui, nous quittons précipitamment cette époque. C’est pourquoi on mentionne de plus en plus souvent une « crise des idéologies », voire « la fin des idéologies » (ainsi, la Constitution de la Fédération de Russie nie clairement l’existence d’une idéologie d’État). Il est donc temps d’examiner cette question plus en détails.

Je crois que il y a deux Europes. Un entretien avec Alexandre Douguine

L'Europe semble totalement absente de cette renaissance géopolitique, tellement elle est inféodée au parapluie Américain, quelle est votre opinion sur l'Union Européenne et sur la place que devrait avoir l'Europe dans le monde, et avec avec la Russie ?

Je crois que il y a deux Europe. L'Europe continentale (Franco-Allemande) et l'Europe atlantiste (Nouvelle Europe inclue). Ces deux Europes sont géopolitiquemet opposées en tout. Cela explique le blocage. Avec Sarkozy et Merkel la position des forces continentales est devenu plus faible. Je n'ai aucune recette pour l'Europe. C'est l'affaire des européens – quoi choisir.

La Quatrième théorie politique : être ou ne pas être ?

 

Le libéralisme, mettant toujours l’accent sur la minimalisation du politique, a décidé, après sa victoire, de supprimer de façon générale la politique. Vraisemblablement pour ne pas permettre la formation d’une alternative politique et rendre son règne éternel ou simplement en raison de l’épuisement de l’agenda politique dû à l’absence d’ennemis, lesquels, selon Carl Schmitt, sont nécessaires à la constitution de la position politique. Dans tous les cas, le libéralisme a conduit à un repli du politique. Ce faisant, le libéralisme s’est lui-même transformé, passant du niveau des idées, des programmes politiques et des déclarations au niveau des choses et est entré dans la chair de la réalité sociale, devenue libérale, non pas d’un point de vue politique, mais d’une façon quotidienne, « naturelle ». À la suite d’un tel tournant de l’histoire, toutes les idéologies politiques qui avaient lutté férocement entre elles au cours des siècles passés ont perdu leur actualité. Le conservatisme, le fascisme et le communisme, ainsi que leurs variétés marginales ont échoué, tandis que le libéralisme, triomphant, s’est mué en la vie quotidienne, en consumérisme, individualisme, en le style postmoderne de l’être sub-politique et fragmenté. La politique est devenue biopolitique et s’est déplacée du niveau individuel au niveau sub-individuel. Il semble donc qu’aient quitté la scène non seulement les idéologies défaites, mais aussi la politique en tant que telle, y compris la politique libérale. Précisément pour cette raison, apparaît la formation d’une alternative. Les opposants au libéralisme se sont retrouvés dans une situation complexe : l’ennemi vaincu s’est évaporé, il a disparu ; on lutte contre le vide. Comment faire de la politique quand il n’y a pas de politique ?

 

Il faut lire Alexandre Douguine

 

Quand les notions de droite et de gauche ne veulent plus rien dire en politique, aussi bien en Occident que partout ailleurs dans le monde ; quand les libéraux et les libertaires sont d’accord sur l’essentiel ; quand les trois grandes théories politiques du XXème siècle – le capitalisme, le communisme et le fascisme - ont prouvé, de fait, leur incapacité à gouverner pacifiquement les peuples, que reste-t-il à faire ?

Pour Alexandre Douguine, enseignant de sociologie et de géopolitique à la célèbre université Lomonossov de Moscou et intellectuel parmi les plus écoutés de Russie, il n’y a plus qu’une solution, radicale : inventer une autre approche, une Quatrième théorie politique.

Penser et théoriser celle-ci : telle est l’objet de ce livre.

L’approche eurasiste consiste dans la pluralité des civilisations, une pluralité librement ressentie.

Ce sont les sociétés occidentales qui sont considérées comme les plus développées, donc apparaît un modèle où les différences sont en fait négatives. Les différences sont des retards de développements. Si une société diffère d’une autre, alors il y en a une qui est plus progressiste et développée, et l’autre moins progressiste. Par conséquent, celle qui est moins progressiste se voit privée du droit d’autodéfense, d’argumentation en faveur de sa propre position ; elle est juste considérée comme immature, sous-développée, et c’est tout.

L'intervention d'Alexandre Douguine "La Nouvelle Droite russe". Paris, janvier 2011.

Les auteurs d'Europe occidentale qui étudient la Révolution Conservatrice allemande (ou la RC tout court), tels Armin Mohler, Stefan Breuer, Karlheinz Weißmann, Hans-Christoph Kraus, Massimo Cacciari, Louis Dupeux, Gilbert Merlio, Ferruccio Masini, Maurizio Serra, Domenico Conte, etc. mettent toujours l'accent sur le rôle de la Russie dans la gestation de ce corpus doctrinal et relèvent que ce terme est né en Russie au départ. Youri Samarine parlait effectivement en 1875 de "Révolution conservatrice" et titrait ainsi une de ses brochures programmatiques. Par ailleurs, on ne peut nier que la RC allemande était russophile et luttait pour une Ostorientierung de la diplomatie et de la politique étrangère allemandes. Cette option était quasi partagée par tous: depuis les Jungkonservativen jusqu'aux nationaux-bolcheviques, en passant par les géopolitologues de l'école de Haushofer. Dans ce sens, les idées radicales et claires de Jean Thiriart sur l'³empire euro-soviétique de Dublin à Vladivostok², à construire par le mouvement Jeune-Europe, et la fameuse tirade d'Alain de Benoist, où il avouait préférer porter une casquette de l'Armée Rouge plutôt que d'aller déguster des hamburgers du côté de Brooklin, restent dans la droite ligne de cette russophilie et de cette Ostorien-tierung révolutionnaire-conservatrice.

L'intervention d'Alexandre Douguine "R.Guenon comme le sociologue postmoderne". Paris, janvier 2011

René Guénon, également connu sous le nom Abd al-Wâhid Yahyâ, né le 15 novembre 1886 à Blois, en France, et mort le 7 janvier 1951 au Caire, en Égypte, est un métaphysicien français. Il a publié dix-sept ouvrages de son vivant, auxquels s'ajoutent dix recueils d'articles publiés à titre posthume, soit au total vingt-sept titres régulièrement réédités. Ces livres ont trait, principalement, à la métaphysique, à l'ésotérisme et à la critique du monde moderne. Dans son œuvre, il se propose soit d'« exposer directement certains aspects des doctrines métaphysiques de l'Orient», doctrines métaphysiques que René Guénon définissait comme étant « universelles », soit d'« adapter ces mêmes doctrines [pour des lecteurs occidentaux] en restant toujours strictement fidèle à leur esprit» ; il ne revendiqua que la fonction de « transmetteur » de ces doctrines , dont il déclarait qu'elles sont de nature essentiellement « non individuelle5 », reliées à une connaissance supérieure, « directe et immédiate », qu'il nomme « intuition intellectuelle6 ». Ses ouvrages, écrits en français (il contribua également en arabe pour la revue El Maarifâ), sont traduits en plus de vingt langues.

Pourquoi faut-il aimer Vladimir Poutine? (2011)

Q: Les politiciens et les médias prétendent que les élections ont été truquées, que Poutine n’est pas un démocrate et qu’il bafoue les “droits de l’Homme”... AD : Vladimir Poutine, qu’on le veuille ou non, apprtient aux vrais grands sur la scène politique internationale. Pourtant, il faut dire que la politique qu’il préconise est très spéciale, ce que bon nombre de politiciens et de médiacrates occidentaux ne sont apparemment pas capables de comprendre. D’une part, Poutine est un libéral, un homme politique résolument tourné vers l’Occident ; d’autre part, il est un défenseur acharné de la souveraineté et de l’indépendance russes. C’est pourquoi il s’oppose de front aux États-Unis et à leurs intérêts géopolitiques. Poutine est donc simultanément libéral-démocrate et souverainiste. Il est ensuite un réaliste politique absolu, une personnalité politique non fantasque. Poutine serait par voie de conséquence le partenaire idéal de tout pays occidental qui accorderait à la souveraineté une valeur identitque et aussi élevée. Mais les pays d’Occident ont abandonné depuis longtemps les valeurs du réalisme politique...

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